mardi 26 janvier 2010

PPW 306R, suite.

Aux Bahamas en 1976, durant le tournage de "L’Espion qui m’aimait" (Lewis Gilbert, 1977) plusieurs coques de Lotus Esprit avaient été fournies par Lotus Cars et équipées de façon à simuler la conversion de l’Esprit en sous-marin, après son plongeon (tourné en Sardaigne). Chaque carrosserie fut utilisée pour un effet particulier mais une seule fut équipée pour ‘naviguer’ sous l’eau, motorisée mais non étanche (deux hommes grenouilles la pilotaient).



Pendant le tournage, fin janvier 1977, six mois avant la sortie du film (L'espion qui m'aimait sortira sur les écrans américains le 3 août 77) la voiture fut prêtée pour apparaître sur le stand Lotus d'un Salon de l’Auto de la côte Est (peut-être New York). La Lotus Esprit était la grande nouveauté de la marque et Lotus comptait le plus tôt possible profiter de l’impact publicitaire de son apparition dans un James Bond. C’est la société Perry, qui avait conçu le sous-marin en collaboration avec Lotus, qui fut chargée du transport et de l’explication des gadgets aux responsables du stand Lotus. C’est probablement sa seule apparition en dehors du film, dans son apparence originale. Dans le courrier ci-dessous daté du 31 janvier 77, (notez le splendide papier à en-tête !), la Location Manager du film, Golda Offenheim, qui se trouve aux Bahamas, répond au responsable de la concession Lotus pour l'est des USA et se réjouit que la Lotus sous-marine soit bien arrivée sur le salon de l'Auto. Après le salon, la Lotus amphibie retourna aux Bahamas.



Une autre carrosserie fut en grande partie utilisée pour les scènes de conversion, notamment l’escamotage des roues qui laissent place à des ailerons de direction, et pour la scène où l’Esprit lance une roquette contre l’hélicoptère Bell Jet Ranger 206 de Naomi.
Cette Esprit, ainsi qu'une autre (peut-être la version motorisée) existent encore aujourd‘hui. Elles étaient restées aux Bahamas après le tournage et connurent une retraite peu glorieuse jusqu’à ce qu’elles furent découvertes par Peter Nelson, le propriétaire du musée Cars of the Stars et du musée Bond Museum, la plus grande collection de véhicules Bondiens. Pourquoi ces voitures n’ont-elles pas été conservées par la production ou par Lotus après le tournage ? L’explication la plus courante est que Cubby Broccoli aurait promis de les céder à un grutier local, un certain M. Roberts, qui avait participé très efficacement au tournage, en guise de remerciements. Je me suis renseigné il y a plusieurs années : les voitures sous-marines appartenaient à Eon (c’est à dire Broccoli) et non à Lotus, contrairement aux deux Esprit de route. Cubby était donc libre d’en faire ce que bon lui semblait. Si elles avaient appartenu à Lotus Cars, nul doute qu’elles auraient été ramenées en Angleterre et conservées parfaitement.


Déjà connu pour être un spécialiste des voitures de Bond, vers la fin des années 90, Peter Nelson reçoit un jour un coup de téléphone d’un employé du consulat anglais aux Bahamas. « Il m’a dit qu’il venait de trouver deux Lotus ayant tourné dans un Bond. Je lui ai demandé de m’envoyer des photos et sur l’une d’elles, on pouvait voir une des coques sous-marines posée sur des parpaings dans le jardin d’une maison, repeinte en rouge".
(Voir article ci-dessus, datant de février 1991, où l'auteur n'est quant à lui pas certain que la voiture soit la version motorisée de l'Esprit sous-marine).
"Leur propriétaire possédait une sorte de décharge" poursuit Nelson, "dans laquelle se trouvait l’autre Lotus, blanche. Celle que je possède aujourd’hui. Nous sommes tombés d’accord sur un prix, pour les deux voitures, aux alentours de 10 000 dollars. Le problème, c’est que la découverte des deux Lotus s’est propagée en dehors du consulat. Très vite, un groupe de personnes appelés The Ian Fleming Fondation, eux aussi spécialisés dans la recherche de véhicules de Bond, ont débarqué aux Bahamas et sont arrivés à me griller et à acheter les deux voitures pour les rapatrier chez eux, à Chicago. J’étais très déçu.


En fait, cela faisait déjà quelques années que nous avions cette rivalité amicale. Il était déjà arrivé dans le passé que j’obtienne des véhicules qu’ils avaient repérés en premier, et vice versa. Mais là, j’étais véritablement révolté. Je suis donc allé les voir et leur ai dis : « Ecoutez, j’étais censé acheter ces voitures. Nous pourrions nous arranger ? » Très gentiment, ils ont gardé la Lotus rouge qui semblait être celle en meilleur état, et m’ont laissé l’autre, la blanche. Pour moi, c’était la meilleure des deux car c’est celle qui fut utilisée pour la conversion en sous-marin, et aussi celle qui tirait le missile sur l’hélicoptère. Ils ont restauré la leur mais j’ai décidé quant à moi de conserver la mienne en l’état, telle que je l’ai trouvée aux Bahamas. »
Sur l’état de sa découverte, Nelson poursuit : « Ce qui est intéressant, au sujet de cette voiture, c’est que tous les mécanismes sont encore présents à l’intérieur, les divers câbles et autres pièces mécaniques qui permettaient la conversion, et ce malgré tout ce temps passé dans l’eau puis dans une décharge. »


Au sujet de la restauration entreprise par la Ian Fleming Fondation, certains détails sont discutables (photo ci-dessus). Les plaques d'immatriculations n'ont pas été réalisées avec les mêmes caractères que les plaques anglaises visibles dans le film, tandis que les feux et clignotants situés dans le pare-chocs avant sont ceux montés sur les Lotus Esprit destinées au marché américain. Ce qui, bien sûr, n'était pas le cas de la Lotus de 007. Enfin, pourquoi avoir collé un logo Lotus sur le capot alors que l'Esprit de Bond (et toutes les Esprit S1 produites à cette époque) n'en possédaient pas ? Des petits détails pénibles qui rendent le choix de Peter Nelson de ne pas restaurer la sienne particulièrement judicieux. Il le confirme d'ailleurs : "La seule restauration valable ne pourrait être réalisée que par Lotus Cars. Peut-être la feront-ils un jour..."

Dans son musée, Peter Nelson possède l’une des deux Lotus Esprit utilisées pour le tournage des scènes sur route (ainsi que le side-car qui la poursuit dans la scène). La seconde a été vendue aux enchères l’année dernière et appartient à un collectionneur américain.

Morsemobile


De 1987 à 2000, John Thaw a incarné l'inspecteur Morse dans cette passionnante série inspirée des romans de Colin Dexter.
Pour souligner le côté rétro et traditionaliste du personnage, son goût pour l'ancien et le luxe (ainsi que la bière et les mots croisés), les producteurs l'équipèrent d'une Jaguar MKII 2.4 litres de 1960.Dans les livres, Morse roulait en Lancia, une petite trahison acceptée par l'auteur qui décida d'intégrer également une Jaguar à la panoplie de son personnage littéraire dans les romans suivants.


La Jaguar est plus qu'un mode de transport pour l'inspecteur, elle est une source d'inspiration. Morse aime méditer à son volant en écoutant des morceaux d'opéra, au grand dam de son adjoint, Lewis (Kevin Whately). En réalité, c’est presque une épave qui est apparue dans le premier épisode, "Mort à Jericho". La MkII rouge de 1960 et son toit en vinyle si détesté des puristes Jaguarophiles, fut récupérée dans une casse et durant les dix premiers épisodes, elle ne démarra pour ainsi dire jamais. Elle était apportée sur les lieux de tournage (à Oxford et dans ses alentours) sur un camion et ce n'est que plus tard, au fil du tournage, qu'elle fut peu à peu remise en état. Mais à la fin du tournage des 33 épisodes, en 2000, elle n'était de nouveau qu'une épave et plus rien ne fonctionnait, y compris les freins. John Thaw n'aimait pas la conduire et lorsqu'on lui proposa de la récupérer (il adorait pourtant les Jaguar), il refusa, tant la voiture était en mauvais état ! Par la suite, elle changea souvent de propriétaire et fut même le premier prix d'un concours organisée par Carlton Television. Aujourd'hui, après une intense restauration et une vente aux enchères chez Coy's en 2002 où elle fut adjugée 53 000 £ (environ 60 000 euros, un record pour un tel modèle), c'est un propriétaire anglais qui la possède et qui l'a prête parfois pour des manifestations organisées par le fan club anglais de la série, The Inspector Morse Society.


Au cours d'une enquête, Morse est amené à rendre visite à un concessionnaire Jaguar. Alors qu'il jette un oeil à un cabriolet XJS rouge, le vendeur se précipite vers lui.
- Le vendeur : Vous êtes assis dans le meilleur cabriolet au monde.
- Morse : Très joli.
- Splendide ! Et ce n’est pas là un discours de vendeur. Je n’en ai pas assez pour satisfaire la demande, Monsieur…
- Morse.
- C’est votre Mk II, là-dehors, Monsieur Morse ? Une très belle auto. Une authentique automobile.
- Très authentique.
- Non, véritablement elle est superbe. Elle semble cependant réclamer un peu d’attention, si je puis me permettre, mais elle est superbe. Je vais vous dire une chose, Monsieur Morse. Pourquoi ne pas aller faire un tour. Sortons cette voiture et vous pourrez l’essayer. Je pense que je pourrais vous proposer quelque chose de très avantageux. De plus, il se trouve que je collectionne les vieilles Jaguar. J’ai déjà une Type D, deux Type E, dont une qui n’a que 9 miles au compteur, et je possède aussi une Type B, très rare…
- Vous aurez bientôt tout l’alphabet.
- Est-ce une visite sérieuse, Monsieur Morse, où n’êtes-vous là que pour vous occuper le temps de votre pause déjeuner ?
- Je suis très sérieux. Et c’est Inspecteur Chef Morse.

Produite de 1959 à 1967 à 26 322 exemplaires, la MkII 2,4 litres et son 6 cylindres de 120 chevaux était également disponible en versions 3,4 litres et 3,8 litres, cette dernière étant à sa sortie la berline la plus rapide de l’époque. Corgi a produit une réplique miniature de la Jaguar Mk II de l’inspecteur Morse à l’échelle 1/43ème. Sa première version, sortie en 1993 et assez rare aujourd'hui, peut atteindre des sommes élevées pour un modèle réduit.

dimanche 24 janvier 2010

Le Saint fait le plein


Durant le tournage des saisons 1 et 2 du Saint, entre 1962 et 1963, Roger Moore utilisait à la ville comme à l'écran cette Volvo P1800. La P1800 était produite en Angleterre par la firme Jensen, pour le compte de Volvo. Mais la marque suédoise n'étant pas très satisfaite de la qualité de fabrication, elle décida de rapatrier en Suède la construction du modèle, qui prit dès lors l'appellation P1800S (pour Sweden / Suède).
Immatriculée 71DXC, elle portait à l'écran le fameux numéro ST1. Pour la saison 3, une P1800S (77 GYL) viendra épauler ce modèle et les deux Volvo seront régulièrement équipées des dernières options disponibles afin que Simon Templar ait toujours l'air de rouler dans un modèle récent. Ces options furent notamment les pare-chocs plats avec anti-brouillards, qui remplacèrent le vieux modèle en 'moustaches' (photo milieu) et les jantes Minilite en alliage à la place des vieux enjoliveurs.


En 1966, pour le tournage des saisons couleurs, Volvo fournira deux Volvo P1800S toutes neuves. NUV 647E pour Roger Moore (photo du bas), NUV 648E pour le tournage. 77 GYL sera conservée durant quelques épisodes couleurs. Cette voiture est désormais au musée Cars of The Stars, à Keswick, en Angleterre. Un collectionneur américain possède quant à lui l'une des deux P1800s fournies en 1966, celle utilisée pour le tournage. On ne sait pas ce que sont devenues les deux autres.

vendredi 22 janvier 2010

Peters Sellers & Cars

Peu d'acteurs ont été aussi passionnés d'automobiles que Peter Sellers. Toute sa vie, il n'a cessé de changer véhicule, presque tous les mois, parfois toutes les semaines. L'excellente biographie "Life and Death of Peter Sellers", de Roger Lewis (adaptée au cinéma il y a quelques années) nous apprend que le comédien, décédé en 1980, a possédé plus de deux cent voitures !
En voici quelques-unes. Parmi elles, certaines sont même apparues au cinéma avec lui.






De haut en bas :
Dans The Wrong Arm of the Law (Cliff Owen, 1963), Peter Sellers conduit sa propre Aston Martin DB4 GT.
Dans A shot in the dark (Blake Edwards, 1964), Sellers incarne pour la deuxième fois l'inspecteur Clouseau et conduit cette Mini équipée par Radford. Il en offrira une identique à sa compagne de l'époque, Britt Ekland. Celle du film réside au musée Cars of the Stars, à Keswick, Angleterre.
Dans The Bobo (Robert Parrish, 1967), Sellers utilise sa Ferrari personnelle, une 500 Superfast, que l'on voit également dans la photo suivante avec la Bentley Continental du comédien.
Durant les années 70, bien que sa carrière soit en chute libre avant le grand retour de Clouseau dans Le retour de la Panthère rose (Blake Edwards, 1974), Sellers roule toujours en Ferrari, dont cette 275 GTB photographiée en Suisse ou l'acteur résidait parfois.

dimanche 17 janvier 2010

2 DB5 pour 007


Dans Goldfinger (Guy Hamilton, 1964), la production utilisa deux Aston Martin DB5. La première, baptisée Effect Car, était la voiture-gadget conçue par Ken Adam avec la collaboration d'Aston. La seconde, nommée Road Car, était une DB5 'normale' sans gadgets, destinée aux scènes de poursuites.
Sur le tournage en Suisse, dans la fameuse Furka Pass, seule la Road Car était utilisée jusqu'à ce qu'elle soit victime d'une panne qui l'immobilisa pour plusieurs jours. Le tournage devant continuer coûte que coûte, on fit venir d'Angleterre la fragile et coûteuse DB5 Effect Car pour prendre la relève le temps de réparer sa soeur. Le changement de voiture eut lieu durant le tournage de la fameuse scène durant laquelle Tilly Masterson tente de tuer Goldfinger, mais le coup de feu atteint la chaussé à quelques centimètres de 007, qui observait lui aussi Goldfinger. Quelques instants avant le coup de feu, lorsque Bond stoppe son Aston au bord de la route, c'est la DB5 Road Car qui est utilisée. A quoi le voit-on ? D'abord, à la grande rayure sur la carrosserie (cercle rouge). La voiture avait en effet été endommagée pendant sa traversée en ferry, en venant d'Angleterre. Ensuite, il n'y a aucune trace de la trappe du siège éjectable sur le toit.


Lorsque la scène du coup de feu est tournée, la Road Car est en panne et remplacée par la Effect Car, la voiture- gadget. Sur la seconde photo, on note les différences : il n'y a plus de rayure sur le côté de carrosserie, la trappe du siège éjectable est visible sur le côté gauche du toit (ainsi que l'écran pare-balles du coffre arrière). De plus, un clignotant latéral est visible sur le côté, près de l'ouïe de ventilation, alors que la DB5 Road Car n'en est pas équipée.
Voilà comment deux voitures (presque) identiques sont utilisées sur une scène de quelques secondes.

samedi 2 janvier 2010

Traveling cars

Le Salon Rétromobile de Paris va, fin janvier, inclure une expo de voitures travelings utilisées au cinéma. On ne sait pas encore quelles seront les voitures retenues exceptée la fameuse Citroën DS à 8 roues utilisée sur de nombreux tournages dans les années 60/70. Du côté de 007, plusieurs types de voitures caméra ou voitures traveling ont été utilisés.





De haut en bas :
Dans l'Espion qui m'aimait, une des deux Lotus Esprit avait été équipée de caméras Panavision montées sur le capot avant et sur le capot arrière (photo : Roger Becker, pilote d'essais chez Lotus Cars, qui remplaça au pied levé les cascadeurs du film après avoir démontré les capacités de l'Esprit à l'équipe de prod). Cela avait permis de tourner des plans spectaculaires, notamment lorsque le Bell Jet Ranger de Naomi vole à côté de la Lotus.
Dans Goldeneye, on a parfois monté directement la caméra sur le capot de l'Aston Martin DB5 (photo : tournage avec l'équipe de Rémy Julienne, à Gréolières) pour filmer Bond et sa passagère à l'intérieur de la voiture.
Dans Demain ne meurt jamais, la BMW 750 de 007 était tractée par un camion si bien que Brosnan pouvait se concentrer sur son jeu plutôt que sur sa conduite (photo : dans les rues de Hambourg). Mais une voiture caméra a été utilisée pour la fameuse poursuite dans le parking de Hambourg (tournée à Londres). On voit ici une TVR (marque de voitures de sport anglaise) très modifiée et équipée de caméras pour filmer le véhicule qu'elle précède, souvent de très près (ici la Mercedes qui poursuit Bond jusque sur le toit du parking.)
Enfin, dans Quantum of Solace, c'est un gros 4X4 Mercedes pourvu d'un bras articulé au bout duquel se trouve la caméra, qui a été utilisé pour offrir des plans spectaculaires (quoiqu'un peu gâchés par un montage trop nerveux) de l'Aston DBS poursuivie par un duo d'Alfa Romeo 159. Une carrosserie de DBS passablement désossée, fixée sur une remorque, est également utilisée pour filmer Craig au volant.